C House

Les dessous de Shallem 

 

 

Ouverte depuis 2003, l’agence israélienne Shallem a développé en une quinzaine d’années, un langage architectural basé sur une mise en scène et un esthétisme fort. Rencontre avec un passionné d’obliques et de perpendiculaires.

Son diplôme d’architecte du City College (New York) en poche, Emmanuel Shallem retourne au pays pour commencer son apprentissage. S’enchaînent alors plusieurs années passées auprèsde quelques grands qui apporteront la « rigueur, l’expertise et la connaissance » au jeune homme. Puis il y aura l’agence de Kimmel Eshkolot grâce à laquelle Emmanuel développe et affine ses compétences dans la construction de bâtiments publics. Une véritable école d’humilité et de réflexion, pour tous ceux qui s’y frottent ! Arrive enfin l’heure de créer sa propre agence. Ce sera Shallem tout simplement. Un nom pour une agence qui, depuis 2003, est aussi devenue une griffe. Celle de la rigueur mais aussi de la fraîcheur d’un trait sans cesse renouvelé pour apporter de nouvelles solutions. De nouveaux contours. Son dada ? Celui du design ! Un design constamment poussé au-delà de ses limites, pour, là encore, tenter d’apporter une nouvelle syntaxe architecturale. Sans esbroufe pourtant, Emmanuel Shallem, parle plutôt de mise en scène, d’une scénographie théâtrale qui mettrait en branle tous les artifices mis en place pour composer ses espaces. Résidences, commerces, restaurants ou habitations privées sont ainsi étudiés, de façon singulière et exclusive, par l’œil de celui qui affiche son admiration pour les agences de Marcio Kogan ou celle de Herzog & De Meuron. Il est vrai que, comme ses pairs, Shallem fonctionne sur la mise en scène, au travers de pièces de mobiliers design dont ses espaces sont agréablement habillés, mais aussi d’œuvres d’art comme celles de Ron Aloni ou celles d’Atar Geva (Maison C, Loft H et Loft G) qui hantent les murs de ses projets. Des marqueurs qui montrent tout le soin que met l’architecte à la tâche, dans des espaces qui jouent tout autant sur les horizontales que les verticales, l’ouverture et la fermeture. Comme dans le projet de la Maison C, une résidence de 1 000 m2, entièrement ouverte sur un jardin qui semble s’inviter jusque dans l’intérieur de la maison, grâce aux matériaux qui empiètent de part et d’autre sur les limites naturelles des deux mondes. À l’inverse, la façade d’entrée sera, quant à elle, obstruée, autant que faire se peut, consignant le monde extérieur à la rue. Dans le Loft H, Shallem a, là encore, joué sur les hauteurs, pour relier les trois étages d’un même immeuble et transformer l’espace en un seul appartement ; un tout aérien et léger qui se fond dans l’atmosphère qu’il a pénétrée. Mais c’est aussi au travers de son utilisation des matériaux, que Shallem marque son territoire. Une juxtaposition de matières minérales et brutes qui permet de donner un sens de lecture à sa gestion spatiale. C’en est autant pour le Loft Gold ou la Maison Z où les multiplications des matériaux – bois, pierre mais aussi verre, béton et acier – balisent les espaces au-delà même de leurs périmètres. Des périmètres qui semblent se réjouir de cette attention portée par un architecte qui aime tant jouer avec leurs limites.

Photos : © Ando Studio

www.shallem.com


   Retrouvez l’article dans notre Artravel n°79— Art & Design


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