Mohican-Hills-facade

Architecture par Robert Gurney

Modernes, les demeures de l’agence d’architecture américaine de Robert Gurney le sont. Sublimement. Pourtant, loin d’un jeu d’illusions, ce sont l’expérience et la rigueur des projets de l’agence qui font d’elle un ovni impétueux et plein de caractère.

Située en haut d’une colline, la maison offre des vues sans pareil sur la rivière Potomac. On y pénètre par une entrée d’où l’on peut rejoindre tous les espaces, ou presque, de la maison. Sur le côté, à l’est, une baie de verre permet aux invités d’apercevoir, déjà, la nature alentour. Dans la partie opposée, à l’ouest, les architectes ont installé sur deux étages, les espaces de vie, le salon, la cuisine mais aussi la salle à manger, que la lumière naturelle arrose généreusement, grâce à l’usage d’une baie vitrée qui couvre les deux hauteurs de la demeure. Le projet Mohican Hills ne fait exception à aucune règle de l’agence de Robert Gurney. Si le site et le budget déterminent les plans et les orientations, ce sont le lieu, le paysage, l’histoire et les matériaux (locaux) qui vont faire du projet une réalité concrète.

Un peu comme ici dans cette région de l’est des Etats-Unis, où seuls quelques propriétaires fortunés sont autorisés à venir bâtir leurs nouvelles demeures, sous le contrôle vigilant d’une région qui connaît toute la valeur de sa destination. Mais Robert Gurney la connaît lui aussi. Il y a déjà presque trente années (l’agence de Robert Gurney fut créée en 1990) que l’homme répète inlassablement les principes qui ont fait de son agence l’une des plus en vue de la côte Est (et plus !) de l’Amérique. Des principes qui aujourd’hui font certes écho auprès d’une audience de jeunes architectes devenus responsables des dérapés de leurs aînés. Mais pour Gurney, ce qui est aujourd’hui la tendance du monde, est le credo d’une vie qu’il a mise à la disposition d’une architecture responsable, au demeurant créative.
Car Robert Gurney, sur ce point-là, mord aussi un peu. Presque agacé, l’architecte constate avec effroi le manque d’originalité des projets qui fleurissent le long des côtes de son pays et bien au-delà. Des copies, des avatars, des emprunts ou des pastiches… L’architecture d’aujourd’hui, si elle est devenue plus responsable, ne manque pas moins d’inspiration. Pour endiguer cette fadeur, Gurney parle, lui, de lumière, de couleurs, de textures, de formes et de géométrie qui parent doucement, à coup de pinceaux délicats, la toile que le maître compose. Un peu comme cette maison Riggins ou encore le projet Brandywine, marqués par une géométrie organisée et strictement maîtrisée, qui donne tout leur sens aux réalisations : celui d’un somptueux contraste, oscillant entre ouverture et lieu clos, espaces intimes, transparence du verre, clarté et obscurité.

 

Car c’est à ces seules conditions, que l’architecture peut enfin s’épanouir et provoquer le niveau d’émotion qu’elle doit pouvoir fournir. Une émotion touchée par l’authenticité et le modernisme, le savoir-faire et la technologie. Et peut-être, un peu aussi, par l’impudence et la bravoure de ses auteurs.

 

Brandywine House

 Mohican Hills House

 Wissioming

 

www.robertgurneyarchitect.com


Retrouvez l’article dans notre Artravel n°72 – Spécial Habitat

Disponible sur notre boutique – 10 € (frais de port compris)


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