Courtyard House © Tom Blachford

Terre à terre 

Nouvelle venue sur le bouillonnant marché de l’architecture, l’agence australienne Figr fait déjà montre, en quelques réalisations, d’un très beau pragmatisme architectural. Découverte.

Quelques esquisses, des concepts et enfin de beaux projets qui paraissent.
La maison Courtyard d’abord qui, sous ses allures simplistes de petit bungalow des années 60, regorge d’ingéniosité et d’élégante simplicité. Dans l’essence, la maison célèbre les demeures à cour intérieure et l’obséquieuse relation du dedans/dehors. Un dehors dominant, puisque la maison s’organise entièrement autour de ses trois cours (devant, côté et centrale) qui structurent son intérieur et la protègent d’un voisinage proche.
On accède au jardin central depuis plusieurs pièces de la maison ; là, c’est la fluidité des mouvements qui est mise en exergue tandis que le choix des matériaux connecte aussi les deux mondes. De fait, les lattes de bois plaquées sur les plafonds de la maison, guident
les pas des hôtes d’une pièce à l’autre, d’une cour vers une pièce. Pour le reste, c’est le béton blanc qui pare les murs de la maison, dévoilant ainsi un intérieur abondamment serein. Enfin, par l’utilisation de briques, les architectes connectent la maison Courtyard à son entourage, ancien quartier populaire, dont les plus anciennes maisons sont, encore aujourd’hui, elles aussi fabriquées de ces pains d’argile.

Forme, silhouette, personnalité, dessin… le mot « Figure » dans la langue anglaise possède bon nombre d’acceptions. Peut-être est-ce d’ailleurs cette multiplicité des sens qui décida Michael Artemenko et Adi Atic à choisir ce terme pour le nom de leur agence d’architecture… En réalité, depuis leur rencontre en 2002, sur les bancs de l’université RMIT de Melbourne, les deux compères n’ont pas changé d’un trait. Un jour, leur agence fleurira dans l’effervescence d’une architecture où « contexte, paysage et interactions humaines » seront les valeurs centrales. Mais pour l’heure, le temps est aux examens, aux stages et aux premières embauches. Ainsi, les deux amis vont-ils passer ces dernières années à œuvrer pour répéter et apprendre sans relâche les celles du métier. Pour qu’un style enfin surgisse, il faut d’abord maîtriser les techniques de son art, et c’est ce que Michael et Adi feront jusqu’en 2014 où, rompus à la tâche mécanique, ils peuvent enfin donner libre cours à leurs idées. L’agence Figr est ainsi créée.

Pour la maison Corridor, c’est d’un ouvrage d’extension et de rénovation dont il s’agit. Un travail de cohésion mais aussi de cohérence entre les parties, celles existantes et celles à venir. Pour ce faire, les architectes ont trouvé là, la celle d’un long couloir, de 5 mètres de hauteur et 2 mètres de longueur, chambre d’écluse entre les deux mondes. C’est ce connecteur qui permet l’association de deux styles, deux genres, sans donner l’impression d’un subterfuge trop facile. Au contraire, véritable clé de voûte du nouvel ensemble, le « corridor » porte les stigmates des deux. Plus synthèse que compromis, il est le passage obligatoire entre les deux mondes qui alors s’associent sans vergogne. Là, Michael et Adi ont à nouveau utilisé le bois pour marquer l’alliance, annonçant au passage les bardages et plaquages de bois blond qui couvrent le nouvel espace. Un espace où de larges baies vitrées ont été placées sur les parties les plus hautes des murs pour capturer plus aisément la lumière du jour. D’autres fenêtres s’ouvrent également pour donner cette fois-ci un accès direct au jardin de la maison Corridor.


       Retrouvez l’article dans notre Artravel n°77 — Spécial Habitat


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